Obrigado !

C’est je pense le premier mot que je découvre du Portugais, je l’ai beaucoup entendu hier soir lors de la conférence donnée par Almir Narayamoga à Liège, chef de la tribu indigène des Surui au Brésil. Ah oui ! ça signifie « merci » 🙂

Comme beaucoup d’entre nous je pense, j’ai connaissance de la déforestation constante et croissante de la forêt Amazonienne, et de ses ravages sur l’environnement, mais rencontrer une personne native de cette forêt et qui lutte au quotidien pour sa préservation, ça c’est une première.

almir

Cet homme d’une quarantaine d’années, propulsé au rang de chef de clan dès l’âge de 17 ans, a su se rendre au-delà de la haine, du ressentiment et du désespoir que l’on pourrait presque penser évident à l’écoute de l’histoire de son peuple.
Sur une population de 5000 individus recensés en 1969, seuls 230 étaient encore en vie en 1974, soit cinq années seulement après leur première rencontre avec l’homme blanc venu « amicalement » déforester autour de leur territoire. Ils n’ont pas été massacrés brutalement mais sont décédés des suites d’épidémies apportées par ces visiteurs. Aujourd’hui leur nombre croît tranquillement, ils sont plus de 1400, j’en déduis donc que les pilleurs de la forêt ont raté leur coup, et ils s’en mordent les doigts.
Almir est né juste après ces événements funestes, il fut élevé et grandit dans la forêt auprès des siens, il partit ensuite à l’université pour y étudier la biologie et se familiariser avec les nouvelles technologies et internet. Animé par un sens des responsabilités qui décoiffe un max, une détermination hors pair et l’audace d’un petit garçon qui finalement ne devrait jamais nous quitter, il a su se mettre au service de son peuple et plus largement de la planète grâce à un plan de sauvetage de la forêt étalé sur 50 ans.

Les différents projets liés à ce plan se sont mis en place petit à petit, et par l’intermédiaire des nouveaux moyens de communication il a pu atteindre et toucher une audience mondiale. En moins de quelques dizaines d’années plus de 100000 arbres ont été replantés par le peuple Surui, là où d’autres avaient été arrachés des années auparavant. Stopper la progression de la déforestation, préserver leur territoire, faire prendre conscience au monde que tout un chacun est concerné par la survie de cet écosystème sont les fers de lances de toute leur entreprise. C’est ainsi que par exemple, en découvrant sur l’application de géolocalisation Google Earth le terme « territoire inhabité » sur la zone couvrant leur terre, Almir a décidé de prendre rendez-vous avec un des responsables de Google pour présenter son histoire, son peuple, son combat, et les conséquences furent bien heureuses pour les Surui. Des collaborateurs d’un des plus grands acteurs mondiaux d’internet se rendirent dans l’état de Rondônia au Brésil, directement au contact de la tribu pour leur enseigner les usages de bases de l’informatique et d’internet, ce qui leur permet aujourd’hui de « sauver » numériquement leurs histoires, leur culture, leurs projets, et de les partager avec nous.

Pour honorer sa personne et son combat, Almir reçu en 2008 le prix des droits de l’homme décerné par la section Suisse de la Société Internationale des Droits de l’Homme, il eu aussi l’occasion de rencontrer plusieurs dirigeants politiques suite à ses voyages dans des dizaines de pays à travers toute la planète. Il ne s’arrêtera, n’en déplaise aux personnes souhaitant sa mort (un contrat de près de cent mille dollars fut émis sur sa tête en 2007, il est depuis 2012 protégé en permanence), et c’est bien cet élan qui m’a « soufflé » hier soir.

Il a exprimé les choses d’une manière toute simple et tellement juste. Les peuples premiers comme la tribu des Surui sont solidement accrochés à leurs traditions et à un aspect malheureusement trop oublié dans notre société occidental : la spiritualité.
Qui dit spiritualité ne dit pas forcément religion, heureusement d’ailleurs, et c’est donc guidé et habité par la foi que ce qui était arrivé à sa tribu à la fin des années soixante ne devait pas être combattu mais accepté et intégré, qu’il décida de prendre en main le destin de son peuple par le bon bout, fidèle à ses intuitions profondes et à son être.

Je n’ai pas tous les jours l’occasion de rencontrer un vrai leader, mais cette fois-ci bien, il est un exemple à suivre, tant par ses actions que par sa personnalité profondément humaniste pleine de bonté, d’humilité et d’amour pour son prochain, je n’ai d’ailleurs pas manqué de le lui rappeler avec l’aide de ma traductrice improvisée (merci Ophélie).

Vivien

Pour plus d’informations sur Almir et ses actions voici quelques liens :
Google Earth Actions publiques
Son livre tout juste publié Sauver la planète

Crédits photo : © Ivan Kashinsky

Retour à la liste des articles

Abonnez-vous à la newsletter